En Benur Simone : retour sur une belle aventure au service d l'écologie et de la mobilité pour tous !

Le 1er juin dernier, le collectif en Benur Simone s'élançait à travers la France et la Belgique sur le parcours du SUN TRIP 2021 pour vivre une aventure hors du commun en tricycle solaire.

L'équipe composée de 11 personnes valides et moins valides a ainsi relié Lyon à Bruxelles, soit 1000 km parcourus en 12 jours !

En tant que partenaires de ce projet qui nous a séduit par ses notes d’humanisme et de déterminisme, nous tenions à le mettre en lumière, car il promeut des valeurs importantes telles que la mobilité pour tous et le développement durable.

Pour cela, nous avons rencontré l'une des participantes et membres du collectif, Marie Capucine Grandjean. Cette "grande aventurière de la vie", selon les mots de Yannick SAUVIGNET avec qui elle partage 25 ans d’une réelle amitié, nous a gentiment présenté le projet et fait part de son expérience.

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistait l'aventure En Benur Simone ?

En Benur Simone est un collectif de personnes valides et en situation de handicap qui a été créé par l'association "Vélo pour tous" pour leur permettre de participer au prologue de la course Sun Trip 2021- une course à vélo solaire à travers l'Europe - et de relier Lyon à Bruxelles en 12 jours.

L'objectif de ce projet était de partager une aventure humaine et sportive, mais aussi de promouvoir l'écologie et la mobilité pour tous à bord d'un tricycle solaire : le Benur.

Ce tricycle, qui est le premier vélo à assistance électrique inclusif, a été créé par Joseph Mignozzi, le fondateur de notre association.

Après avoir connu la vie en fauteuil pendant 2 ans, suite à un accident de moto, il a imaginé et conçu un vélo accessible à tous, et ce, sans aide extérieure.

Ce tricycle solaire à assistance électrique permet également de maindaler pour garder une dimension sportive.

Pour les personnes en situation de handicap, le système a été très bien pensé puisque l'on monte directement dans le Benur en fauteuil, sans aucun transfert à effectuer. Cela nous permet de rester autonomes, mais aussi d'être actifs grâce au maindalier.

C'est donc grâce à ce tricycle totalement adapté que nous avons pu partir tous les 11 avec 5 d'entre nous en fauteuil roulant. Le but de cette aventure était de dépasser les limites et les a priori sur le handicap et de faire de cette course une expérience riche en efforts, en sens et en liberté.

Le projet "En Benur Simone" dont le nom fait référence à la célèbre expression (saviez-vous que cette Simone a vraiment existé ? ) a été soutenu par plusieurs partenaires, dont l'Agence Valdor que l'on remercie chaleureusement pour sa participation.

Quelques bons souvenirs et moments forts à nous partager ?

Lors de ce périple nous avons eu la chance de traverser d'innombrables territoires, de l'Ain au Jura en passant par l'Alsace, les Ardennes et la Wallonie en Belgique. Cela nous a permis de découvrir des paysages magnifiques et d'en rapporter plein de belles images : les vignes, les champs de coquelicots, les forêts... Nous nous en sommes mis plein les yeux et avons pris des photos absolument somptueuses !

Mais ce que je retiens avant tout, c'est cette entente exceptionnelle entre nous. Tout au long de l'aventure, l'équipe a été extrêmement soudée et tout le monde s'est investi à 100% pour qu'on aille jusqu'au bout, dans des conditions optimales.

On a fait des rencontres magnifiques et qui personnellement m'ont fait grandir.

Comme nous ne nous connaissions pas tous dans l'équipe, nous nous sommes vraiment enrichis les uns des autres, et parce que nous avions chacun notre propre handicap et notre propre parcours, nous avons tous appris plein de choses ! On peut dire qu'on a "pris une claque", dans le bon sens du terme, avec un joli cocktail de relations humaines. Un lien très fort s'est créé entre nous, sûrement parce que nous sommes tout de suite allés à l'essentiel.

Enfin, nous avons aussi eu la chance d'être reçus à la Commission Européenne de Bruxelles où nous avons fait des rencontres intéressantes pour promouvoir le Benur et sensibiliser davantage à notre cause.

Qu'est-ce qui pour vous a été le plus difficile dans ce périple ?

Je ne retiendrai qu'un seul moment, qui nous a tous beaucoup marqués et qui a été très difficile à vivre...

Deux jours avant la fin du parcours, trois d'entre nous ont malheureusement vécu un grave accident de la route. Alors qu'ils roulaient sur une route nationale, sur une ligne droite avec pourtant une parfaite visibilité, une voiture a, semble-t-il, perdu le contrôle et percuté de plein fouet les deux Benurs qui se trouvaient à l'arrière. Le groupe de trois personnes comptait une personne à vélo, à l'avant, suivi de deux personnes en Benur : une en fauteuil au milieu et une valide derrière, pour fermer la marche.

Heureusement, le premier, qui était en vélo, n'a pas été atteint. Je dis cela, car nous sommes persuadés que c'est la solidité du Bénur qui a sauvé la vie des deux personnes à l'arrière, la carcasse du tricycle étant restée intacte.

Tous deux ont subi d'importantes blessures (vertèbres cassées, brûlures...), mais qui, nous l'espérons, ne laisseront pas de séquelles à terme.

Cet accident a été un moment très difficile et choquant pour nous tous avec un vrai ascenseur émotionnel, mais nous nous estimons heureux que tout le monde s'en soit tiré malgré la gravité de l'accident...

Quel message souhaitez-vous faire passer à travers cette aventure ?

Le premier message est qu'il faut à tout prix encourager la mobilité pour tous et développer davantage de moyens inclusifs tels que le Benur.

Pour des personnes en situation de handicap, le Benur permet d'acquérir une grande liberté, car il nous rend autonomes et indépendants dans le paysage urbain comme non urbain. Pour nous, c'est quelque chose d'extrêmement important, car nous manquons d'autonomie au quotidien et c'est ce que ce tricycle vient nous apporter, en nous permettant de vivre autrement la mobilité.

À travers notre périple, nous avons aussi constaté, à notre grand regret, qu'il y avait encore beaucoup de progrès à faire au niveau de l'accessibilité pour les personnes en situation de handicap et j'espère sincèrement que les choses vont pouvoir évoluer de ce côté.

Bien sûr, le second message c'est l'écologie. Cette aventure avec des vélos solaires nous montre que l'on peut envisager le voyage autrement, avec un minimum d'impact sur l'environnement et qu'il faut à tout prix promouvoir et développer ce genre d'initiatives ; tout comme l'énergie solaire qui a le gros avantage d'être renouvelable et peu polluante.

Le collectif a-t-il d'autres projets pour l'avenir ?

Nous avons tous très envie de revivre une aventure tous ensemble, donc il y a de fortes chances pour qu'il y ait une seconde édition l'année prochaine. Peut-être pas dans les mêmes conditions, car l'expérience nous a permis d'apprendre de nos petites erreurs, mais pourquoi pas faire un autre circuit et revivre une aventure de ce type ; avec moins de routes passantes comme nous les avons connues cette année.

En parallèle, nous voulons continuer à soutenir le développement du Benur, car il donne beaucoup d'espoir aux personnes à mobilité réduite et ouvre la voie à plein de possibilités pour le quotidien, mais aussi pour le tourisme.

Aujourd'hui, son fondateur en a déjà vendu quelques-uns à travers la France, mais l'objectif serait surtout de les voir se développer avec un modèle de location en libre-service dans les villes, à l'instar des Vélov' à Lyon ou Vélib' à Paris.

Nous devons donc continuer à mettre en lumière ce projet pour lui ouvrir plus le plus de portes possible et le rendre accessible à un maximum de personnes. Voir les Benurs se répandre un peu partout serait une excellente chose pour les personnes en situation de handicap et leur permettrait d'envisager leur mobilité sous un nouvel angle, celui de la liberté !

Pour en savoir plus sur le collectif En Benur Simone, n'hésitez pas à les suivre sur leur page Facebook et sur le blog de l'aventure !