Construire un bunker dans son jardin : nouvelle tendance pour 2023 ?
Un marché émergent avec un contexte "anxiogène"
Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’atmosphère de “fin du monde” un brin anxiogène véhiculée par certains médias, de plus en plus de Français se renseignent sur comment construire leur propre bunker pour se protéger en cas de catastrophe. Une idée saugrenue ? Pas pour tout le monde visiblement ! (Allez, avouez, vous aussi ça vous a déjà traversé l’esprit.😉)
Face à ce marché émergeant, nous avons voulu creuser la question (c’est le cas de le dire) pour en savoir davantage sur ces constructions insolites et qui, malheureusement, semblent revenir dans l’air du temps…
Et que vous soyez convaincu, dubitatif ou totalement sceptique quant à l’utilité d’une telle installation chez vous, on a pensé que le sujet aurait au moins le mérite d’éveiller votre curiosité. L’occasion, par ailleurs, d’évoquer quelques règles d’urbanisme quant aux constructions annexes sur un terrain…
Mais avant de vous en dire plus, commençons par un rapide voyage de l’autre côté des Alpes…
L’exemple de la Suisse, le pays aux 300 000 bunkers
Oui vous avez bien lu, 300 000 ! C’est bien le nombre - approximatif, car c’est un peu plus en réalité - de bunkers qu’abritent nos voisins helvètes sur leur territoire.
Des abris antiatomiques capables d'accueillir pas moins de 9 millions de personnes, soit plus que sa population actuelle ! Impressionnant n’est-ce pas ? Mais comment expliquer un tel chiffre ?Pour comprendre le phénomène, il faut revenir quelques décennies en arrière, alors que le pays craignait encore la survenue d’une 3e guerre mondiale, jugée très probable à l’époque.
Dès 1963 et jusqu’à il y a peu, une loi fût donc adoptée afin que « chaque habitant dispose d’une place protégée dans un abri situé à proximité de son lieu d’habitation ».
Selon cette dernière, chaque nouvelle maison devait être dotée d’un lieu aux normes avec une porte blindée et un système de ventilation pour que les habitants puissent se réfugier en cas de catastrophe ou d’attaque nucléaire. Pour les Suisses, ce système d’« évacuation verticale » était considéré comme l’option la plus sûre compte tenu de leur situation enclavée et cernée par les montagnes.
Si jusqu’ici la plupart utilisaient ces abris comme des caves à vin ou des espaces de stockage, les nouvelles menaces qui se dessinent pourraient, selon certains, faire changer les choses…
Et en France, qu’en est-il ?
Si la Suisse est championne du monde des bunkers (devant d’autres pays bien équipés à l’instar des États-Unis, de la Norvège ou encore d’Israël), force est de constater qu’en France, nous sommes loin, très loin derrière…Et pour cause ! À ce jour, selon le constructeur d’abris antiatomiques Artémis Protection, le pays ne comptabiliserait que 1000 bunkers sur son territoire, dont 400 privés et 600 militaires. Un chiffre bien dérisoire comparé à nos voisins.
Cependant, avec le spectre d’un conflit à plus grande échelle, le marché des bunkers semble peu à peu gagner du terrain dans l’hexagone, avec de plus en plus de commandes de la part des particuliers.
Pour vous donner une idée, le fabricant de bunkers NRBC “Bünkl” aurait reçu 284 demandes de devis dans la seule journée du 25 février 2022 (au lendemain de l’invasion russe en Ukraine)… Du jamais vu sur ce marché de niche !
Bien sûr, la construction de tels abris est loin d’être à la portée de toutes les bourses, et cela reste très anecdotique à l’échelle de la population française, mais une demande semble bel et bien émerger chez les personnes les plus aisées (et non plus seulement chez les survivalistes).
Que dit la législation quant à de telles constructions chez les particuliers ?
Il faut savoir qu’à ce jour, en France, il n’existe aucune loi spécifique concernant ce type d’installation sur une propriété. La construction de bunker est donc soumise aux mêmes règles d’urbanisme qu’une annexe de logement de type “ouvrage enterré”.
Ainsi, si votre abri fait une surface inférieure à 20m2, il vous suffira faire une déclaration préalable de travaux auprès de votre mairie.
Au-delà de cette superficie, un permis de construire sera exigé.
Notez par ailleurs qu
e la règlementation peut varier d’une commune à l’autre et qu’il est indispensable de consulter le Plan Local d’Urbanisme (PLU) avant d’entamer votre chantier.
Enfin, il faut savoir que ce type de construction doit être déclaré auprès des impôts dans les 3 mois qui suivent la fin des travaux. Parce qu’il est considéré comme bâti annexe de la maison, votre abri sera soumis à la taxe foncière ainsi qu’à la taxe d'habitation (si vous êtes encore concerné).
Peut-on facilement construire un bunker dans son jardin ?
Vous prenez la chose au sérieux et envisagez de vous faire construire un abri sur votre terrain ?
Si cela est tout à fait possible, il n’en demeure pas moins complexe et surtout très coûteux. En effet, il faudra, a minima, débourser plusieurs dizaines de milliers d’euros (de 50 000€ à 100 000€ en moyenne pour une formule basique), sachant que cela peut monter bien plus haut.Et bien que vous puissiez toujours effectuer vous-même les travaux (en utilisant un container maritime par exemple), au vu de la technicité d’un tel projet, il est plus sûr de faire appel à une entreprise spécialisée (à l’instar de Bunkl, Amesis Bat, Artémis Protection, Refuge Dans Mon Jardin...). En effet, d’après les experts en la matière, les containers ont de nombreux inconvénients dont leur taille très réduite (surtout si on les renforce de l’intérieur) et leur efficacité limitée.
Au-delà du prix, il y a également certaines contraintes techniques et physiques à prendre en compte.
Ainsi, vous devrez au préalable vous assurer auprès d’un expert que votre sol est adapté à une telle construction. De fait, vous allez devoir creuser pour installer votre abri, et si une profondeur de 2 mètres peut suffire, il est plutôt recommandé de l’enterrer entre 5 et 15 mètres pour une protection optimale…